mardi 15 novembre 2011

Suda51


Voici le type qui m'a sûrement le plus influencé ces dernières années. En termes de philosophie, de créativité, de style (belle photo duh ?). Suda Goichi, créateur adulé (en Occident) de jeux vidéos qui sont autant d'expériences à proprement parler, constituant des univers et une philosophie hautement référencés, réflectifs et parfois volontairement abscons. Ses jeux qu'on a eu la chance de voir débarquer en Europe ont marqué des milliers de joueurs préparés - ou non - à un anticonformisme et une marginalité déroutante dans le milieu et l'époque. Killer7, No More Heroes, le plus récent Shadows of the Damned proposent tout simplement une vision différente du média du jeu vidéo, qui vont jusqu'au méta-jeu (néologisme magnifique, merci), en questionnant le rôle du joueur, du jeu, du créateur, par des procédés hérités entre autres des meilleurs scénarios de films et livres.

Il ne faut toutefois pas oublier que cette approche particulière provient à la base de contraintes énormes imposées par les très faibles moyens à disposition de son studio Grasshopper Manufacture, dont les premières productions (complètement inconnues hors du Japon) sont profondément marquées par de fortes restrictions aux niveaux du gameplay ou des graphismes allant souvent jusqu'à l'épure voire la simplification la plus poussée. Un point qui subsistera au moins jusqu'au culte Killer7, premier à franchir les frontières européennes, et qui permettra par ses ventes (encore modestes) au studio de pouvoir s'émanciper dans ses futurs projets.

Cette première époque (des 90s à 2005) nous est néanmoins accessible, depuis 2008 sur NintendoDS, par le plus méconnu Flower, Sun & Rain, un portage PS2 datant de 2001. Ce jeu très déroutant offre un bel aperçu de l'aspect le plus bizarre et underground de Suda Goichi, qui transparait de manière flagrante dans son récit plaçant des personnages aux psychologies indéchiffrables sur une île où se croisent fausses boucles temporelles et terrorisme aérien (voir la date...). Encore moins accessible que No More Heroes mais pas trop difficilement trouvable, c'est clairement l'objet que je conseillerai aux non-joueurs à la recherche de choses nouvelles provoquant des réflexions aux sources inépuisables. Ce genre d'objets qui placent pour moi aujourd'hui Suda Goichi aux côtés de Gregg Araki pour le cinéma ou Paul Laffoley pour la peinture.


-Le wiki du bonhomme, pas trop mal fichu
-Une analyse poussée et très intéressante des boss rencontrés dans No More Heroes 2

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