mardi 20 novembre 2012

Vendredi dernier, à Rouen. Je traîne dans les rues avec des potes, on squatte, on chill, on boit. Je filme des trucs. Vers minuit/une heure, on se dirige vers la maison d'une pote pas loin de chez moi, histoire d'y terminer la soirée. C'est cool, je mange un truc, ça discute, les gens sont posés. Pas mal sont déjà dans le mal. Tout le monde se connaît au moins vite fait, et la nuit avance vite. Pause. Éventuellement, je remarque un truc. Les gens se regardent carrément pas... l'ambiance s'alourdit quelque peu... mais c'est pas de la fatigue, ou alors pas celle qui te donne envie de dormir... plutôt celle qui te donne envie de mourir. Une mélancolie sourde semble remplir les esprits amochés par la fête et une désinhibition discontinus. Pourquoi ?

Les fils sont clairs. Un petit anagramme des relations entre les personnes présentes dans la salle aide à y voir mieux, et un collage de théories puis de déductions éclaircit carrément la situation. Voilà la source: une forte et toxique frustration sexuelle les gangrène tous. Telle et Tel souhaitent depuis longtemps coucher ensemble, mais en sont empêchés par la petite amie de tel, qui est là et le fait savoir. Telle fait du pied à Tel qui malgré ses propres avances ne semble pas donner suite. Telle n'a plus d'espoir, bourrée comme un groin au fond du tonneau, en voyant Telle draguer Tel, qui se retrouve dans une situation gênante, à laquelle il préfère de pas répondre...

Un instantané de déception et déchéance adolescente, adolescence engluée dans des principes instables et abîmée par des substances tout aussi instables. Une sitcom en slow-motion avec filtre rose mais où la caméra et le script sont encore plus stone que les acteurs, ou plutôt les personnages qu'ils sont censés joués. Un bad-trip amoureux banal généralisé, qui peine à se sublimer par la pourtant désormais sainte trinité de la Lose, la BadLuck et la Drug. Au bout d'un moment, je décide de mettre fin à la soirée. Quelle étrange dénouement... tous ces esprits qui poursuivent une même fin, tendent vers le même but, mais préfèrent lâchement s'éviter, sans même s'expliquer.

J'aurais pu donner suite, mais je ne l'ai pas fait. Je m'en voulais déjà que c'était encore possible. Une offre que je ne me serais jamais accepté de refuser, un déni dont je ne m'imaginais pas capable. Bien trop conscient pour ça. Vraiment ? Pourtant, c'était juste un manque... d'envie. Ou de confiance. Rien à forcer. Rien à prouver. Rien à risquer. Et puis, mais, laisser les choses en suspens, indécises, on se dit que ça permet souvent un second départ turbo/

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